31 MARS 1944
LE 31 MARS 1944
Parmi les maquisards qui mènent dans toute la région des actions de harcèlement contre la Division « Brehmer », chargée de combattre la résistance et de semer la terreur, le groupe de FTP « Gardette » tend, le 30 mars 1944, une embuscade à un détachement de cette unité entre Milhac d’Auberoche et Fossemagne. Au cours de cette action de guérilla, deux officiers allemands sont blessés et fait prisonniers. En se repliant, les maquisards font une halte à Rouffignac, avant de rejoindre leur refuge. Apprenant alors qu’une colonne ennemie remontait vers eux, ils se dispersent en abandonnant leurs prisonniers, qui sont alors récupérés par leur unité dans la soirée.
Le 31 mars, dès 08 h30, une première colonne de troupe motorisée allemande investit le bourg de Rouffignac par la route de Périgueux, tandis qu’une seconde colonne, en provenance de Montignac se heurte à un détachement de maquisards au niveau des lieux-dits Glaulet et Touvent, avant de rejoindre le gros de la division.
La troupe se disperse dans tout le bourg, investit la mairie et les écoles ; ainsi que la gendarmerie, où les quatre gendarmes présents sont arrêtés. Ils seront par la suite déportés à Buckenwald, et ne reviendront pas des camps nazis.
Le Maire, M. Lablènie et son secrétaire, M. Delmonteil, sont violemment interrogés par le Général Brehmer, lui-même, sur les effectifs et les caches de la résistance dans la commune. Devant leur silence, ordre leur est donné de rassembler sur la place du Foirail (aujourd’hui, place du 31 mars) tous les hommes du village, sous peine de fusillade générale.
A partir de 11 h, au signal du tambour du garde champêtre, tous les hommes, dont deux vieillards de 88 ans, sont petit à petit regroupés sur cette place, puis répartis en deux catégories : les plus de 50 ans, d’un coté, et les plus jeunes, au nombre de 64, de l’autre. Ces derniers sont embarqués vers 15 h dans des camions pour être transportés à Azerat. Parmi eux, Pierre Khantine, réfugié israélite, est immédiatement exécuté. Les autres détenus seront incarcérés à Périgueux, d’où ils seront libérés individuellement au cours des 15 jours suivants, à l’exception d’une douzaine de jeunes gens qui seront expédiés en Allemagne, en camps de travail.
Revenons à Rouffignac ce 31 mars ; le village est totalement vidé de ses habitants à partir de 17 h, tandis que les habitations sont pillées et qu’un cortège de prises de guerre se forme et évacue, en laissant le bourg aux incendiaires.
A 21 h les lances flammes entrent en action, et le village se transforme en un immense brasier, à l’exception de l’église et des trois maisons attenantes qui sont épargnées par la soldatesque.
Quelques maisons du bas du bourg, restées intactes, seront détruites, incendiées et dynamitées, le 2 avril au matin, par des éléments de la troupe revenus achever leur besogne, en laissant derrière elle les ruines de la quasi totalité du village.
Cité martyre, Rouffignac a reçu l’hommage du Général de Gaulle le 5 mars 1945, et a été décorée de la Croix de Guerre avec palmes le 11 novembre 1948.
L’ANACR (Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance) a édité un fascicule de témoignages de cet événement, et créé un « Chemin de la Mémoire » à travers le bourg qui permet au visiteur de découvrir, en 15 étapes, les différentes péripéties de cet épisode tragique de notre Histoire. Site Mémoires de Résistances