AVANT LE 31 MARS 1944

Plan et habitat avant le 31 mars 1944

Travail réalisé par Claude Baylé en 2006 qui nous a autorisé leur reproduction sous certaines conditions. Il souhaite que la communication de ses documents (plan et habitat de Rouffignac plus témoignage) soit libre, sous réserve des dispositions prévues par la loi pour le respect de la vie privée mais il soumet leur reproduction à son autorisation écrite.

Adresse : Toutvent 24580 Rouffignac-St Cernin de Reilhac
Téléphone: 05 53 05 44 13

 Claude Baylé est né le 28 Mars 1930 à Périgueux. Envoyé en Indochine en août 1951, il reviendra en février 1954 après être resté prisonnier du Vietminh du 20 novembre 1952 au 4 janvier 1954. Il est l’auteur de : « Prisonnier au camp 113 » et de « Cinq mois captif au sein de la force opérationnelle du Vietminh ».

Les principaux Maquis

Plazac-Peylon-Bois du Roy-La Béchade environ une quinzaine d’hommes) (entre Les Bitarelles et St Geyrac) mais aussi le maquis dit de Saint-Cernin.

Jean Gérard Faure nous parle du « camp de Saint-Cernin »

Témoignage recueilli en février 2019

Jean Gérard Faure Rouffignac Dordogne

Jean-Gérad Faure, dit Jeannot avait à l’époque trois ans et habitait aux « Chaties » à Saint Cernin de Reilhac, lorsque commença à s’organiser le camp dit « de Saint Cernin ». A l’heure actuelle ce ne sont que des souvenirs certes marquants, mais surtout d’enfance.
Ce camp se trouvait à 400 m de l’habitation de ses parents, éloigné malgré tout de la voie communale conduisant à La Borelie, Laudinie, la Roussarie et Maison Neuve.
Les premiers arrivants étaient principalement des réfractaires au STO (service travail obligatoire) récemment instauré et ils vivaient dans les fermes, se connaissaient bien et avaient choisi cet endroit à l’écart, permettant si nécessaire, diverses évacuations d’urgence.
Quelques abris de fortune leurs permettaient de se retrouver, se protéger de la pluie ou dormir à la belle étoile, mais également de cuisiner sur le foyer de briques.
Souvent ils mangeaient chez l’habitant qui leur « « trempait la soupe » (comme le faisait sa grand-mère), les hébergeait et les camouflait parfois dans les granges en toute confiance.
Durant les premiers mois, il n’y avait pas un potentiel armé permettant d’attaquer les convois allemands ; c’était simplement un endroit pour se « mettre au vert ». Par contre, il fallut se rendre à l’évidence, les Allemands s’approchaient dangereusement avec l’incendie de Rouffignac le 31 mars 1944.
Jeannot se souvient avoir vu, avec ses cousins des Retirants, Benoit et Jeanine par le vallon de Fortunel, bruler le village ; ils entendaient les explosions et les craquements des charpentes qui s’effondraient.
Il se souvient aussi de sa profonde déception avec la disparition dans le sinistre de son joli costume en velours, confectionné par sa Tante Noelli Roger et déposé chez Monsieur Lablénie et qu’il devait mettre pour la fête des Rameaux.
Jeannot se rappelle aussi de l’arrivée à Saint Cernin d’un camion chargé de soldats allemands qui avait continué sa route pour s’arrêter au Moulin Haut et surtout des effroyables moments vécus dans l’angoisse par sa famille. En effet
Jeannot avait l’habitude de descendre avec son grand-père au Moulin Haut, chez Jean Cheyrou écouter la radio interdite : Radio Londres, grâce à un poste qui fonctionnait avec le courant électrique produit par la force hydraulique du ruisseau.  Mais heureusement que les Allemands ne découvrirent pas cette radio.

Autre source d’angoisse pour la famille qui savait qu’en même temps, les « résistants » se trouvaient dans le bois de Rosière et que quelques personnes ayant fui Rouffignac après l’ordre d’évacuation, s’étaient réfugiées dans une cavité au-dessus du Moulin, côté des Chaties alors que deux allemands du convoi, mitraillette au poing se mirent à arpenter le coteau à la recherche de…… Se doutaient-ils de la présence de maquisards dans ce secteur…. ???

Heureusement que, peut-être fatigués, ils avaient simplement fait demi-tour.
Si le camp vivait au début dans une relative quiétude, le groupe augmenta progressivement et faisait probablement parti du réseau armé de tout le secteur. En effet, dans les conversations avec les maquis on parlait de chefs : Hercule et parfois de Double Mètre…
Est-ce que ce groupe passait des informations à d’autres équipes ? Ont-ils participé au sabotage d’un train à Saint Félix de Reilhac?
Jeannot n’en a aucune certitude.

Le camp du maquis de la Granval

Jeannot Mergnat jeune témoin des maquisards de Mars 2005

Jean-Mergnat-Rouffignac-Dordogne

Jean André Mergnat ( dit Jeannot) est né le 5 avril 1937 à la Granval commune de Bars, de parents agriculteurs. Il fréquenta l’école de La Salvetat se souvenant avec un petit sourire, « de la gamelle « taillée » qu’il amenait avait ses copains, chaque matin pour que les « Femmes », du restaurant de Gabriel Léonard en face de chez Bordas, leur trempent la soupe avec les légumes apportés par les parents. »
Il raconte :
« Mon père avait été élu à Bars avant la guerre sous l’étiquette SFIO. Engagé politique, il n’avait pas hésité à écrire au député Bedin pour le féliciter  de ne pas avoir voté les pleins pouvoirs à Pétain ! Ainsi très tôt commença-t-il à nouer des contacts avec les politiques mais aussi de futurs résistants : .. comme Dupuy (futur maquis)- Bloch de Villamblard et De Concha qui restera à Peylon. .. Pour être au plus près de l’évolution de la guerre, il avait installé dans la cuisine une carte en couleurs de l’Europe, ce qui me permit de connaître les pays par leur couleur. Bien situé dans la forêt Barade, la Granval et son actif propriétaire au sein de la résistance qui commençait à se mettre en place, ne pouvaient que devenir un endroit idéal pour y installer un camp. Je n’avais que 6 ans lorsqu’arrivèrent en fin1943 les premiers maquisards, environ une trentaine d’hommes de l’A.S qui occupaient une maison de chez Michelou aux Brandettes (commune de Fossemagne) mais au retour de la « Lebrauoude », Firmin mon père jugea plus sage de dire au maquis de se déplacer et d’installer au cœur de la forêt Barade un camp à quelques 600 mètres de la ferme. Ils y étaient une dizaine par cabane et ce furent Roger Richard de Savignac les Eglises et Dupuy son beau-frère militaire qui créèrent le maquis de la Granval avec Faure l’intendant – Empinet André de Fossemagne – Malaure qui plus tard sera écrivain à Maillac – Dougnac de Milhac qui assista au parachutage – plus tard Deschamp et Chastaing qui fut tué à Périgueux stupidement car, en apprenant plus tard que Périgueux était libérée, était parti sur le champ en moto mais fut arrêté et fusillé au 35° ».
Et parlant du 35°, Jeannot se souvient du récit de son père traduisant la vision d’’horreur rencontrée à son arrivée au 35° avec tous les cadavres à terre de personnes torturées et fusillées. Et en même temps leur chance à eux de ne pas avoir été attaqué à La Granval sur dénonciation de collaborateurs et ce, grâce au fait que l’état-major allemand ayant les plans de l’implantation d’un maquis à La Granval, n’avait plus assez d’éléments pour aller les affronter… (voir l’explication avec les parachutages en fin de rubrique « les objectifs du maquis)
La vie au maquis :
« C’est ma mère Marguerite qui faisait très souvent de grandes marmites de soupe et Maillet de St Pantaly d’Ans qui leur amenait la farine pour cuire le pain dans le four qui existe toujours et ce, jusqu’à 3 fournées certains jours grâce à Marcel Paret. Et Jeannot de préciser « que les achats étaient toujours réglés ». Les objectifs de ce maquis : D’abord les sabotages avec l’arrivée en juin de Richard et du colonel Jean Pierre (Peter Lake spécialiste du plastic mais aussi attaquer les colonnes d’allemands sur la N.89 avec souvent l’aide d’autres maquis d’Ajat, de Thenon, Bars et Fanlac. Le secteur fut très actif, participèrent Tessier et Deschamp qui, ayant récupéré des uniformes de gendarmes pouvaient se déplacer plus facilement. Ce fut l’époque où les bois de Chabanetat brûlèrent sur dénonciation. Le seul et unique parachutage eut lieu en juin 44 sous forme de 3 passages. La première fois l’avion passa mais ne laisse rien. La deuxième fois 15 containers sont lâchés dont un sur la maison. C’était surtout des armes qui furent répartis avec le maquis de Vergt et le groupe « Violette » du Nord Dordogne. Avec la toile des parachutes, ils se firent quelques chemises. La troisième fois arriva un coucou de Bassillac qui passa, mitrailla lâchant même une « bombe ». Ils comprirent qu’ils étaient repérés et il n’y eut plus de parachutages… D’être repérés ne pouvait laisser la famille Mergnat bien tranquille et la Granval devait être inscrite en rouge mais l’évolution favorable de la situation (libération de Périgueux), devait chasser ces craintes ».

Mon modeste rôle : J’étais souvent réquisitionné avec mes neveux et cousins pour surveiller juchés sur une remorque les arrivées par le chemin, certes du jour mais souvent de nuit où j’avais peur. Après avoir brûlé Rouffignac, les allemands passèrent une fois à La Granval sans avoir pu voir les uniformes de gendarmes cachés dans les sacs de charbon, et heureusement…

Les internés à Mathaussen sur dénonciation

Témoignage (en 2006) de Gérard Delprat, fils de Léo

Gérard son fils, tenant le portrait de son père avec ses trois médailles militaire : de la résistance, de la déportation et de la valeur militaire avec palmes.

Gérard Delprat-Rouffignac-Dordogne

« Mon père, Léo Delprat est né le 9 août 1903 aux Bitarelles de parents agriculteurs Il fréquenta à l’école de Saint-Cernin, obtint son certificat d’études et prit les mancherons de la charrue pour remplacer son père mobilisé durant la guerre de 1914 – 1918. Lui-même fut appelé sous les drapeaux le 10 novembre 1923 pour accomplir son service militaire au Maroc dans le 8° régiment de Zouaves de Gran, Il en reviendra le 16 août 1925 et reprendra le travail de la ferme. Il se maria le 7 octobre 1936 avec Elise Emilienne Beau née à Chalagnac et je naquis de ce mariage le 13 août 1937. En 1939 il est mobilisé sur le front italien.

A l’armistice, il retrouve son foyer mais fort de son devoir, il va tout naturellement se mettre à la disposition du maquis basé dans le Bois du Roy tout proche des Bitarelles. Il le renseignera, l’aidera, le conseillera, lui remontera le moral lors de moments de tristesse, le ravitaillera, s’en fera des « frères » comme il disait en parlant des Zanelli facteur à St.Félix, Besse, et Deltreil… Hélas, une nuit, deux faux maquis au service des boches, lui demanda l’hospitalité, qu’ils avaient, besoin de réconfort et bien évidemment, il les restaura, leur parlant librement, trop librement. En effet, le 22 février 1944 il est arrêté sur dénonciation par la gestapo devant ma famille et moi-même âgé de 6 ans, alité par les 40° d’une rougeole… Les civils qui accompagnaient, parlant parfaitement français lui dirent de faire ses bagages… ils partiront au 35° régiment d’artillerie à Périgueux puis en mars à Limoges subissant les traditionnelles tortures sans jamais avouer quoique ce soit. Le 1° avril 1944, il était dirigé en wagons à bestiaux,vers l’Allemagne puis l’Autriche et le tristement célèbre camp de Mathausen pour se retrouver sans celui de Melk avec le N° matricule 62 260 . Atteint du typhus et très affaibli, son voisin et ami René Deltreil qui en échappera, le vit quelques jours avant sa mort puis devra même le porter au four crématoire le 21 août 1944 comme l’indique la mairie de Melk…. La presse fêtait ce jour-là, la libération de Périgueux. »

Léo, enfant de ce petit village paisible de Saint-Cernin ne pourra revoir les siens, ni reposer dans la terre de ses ancêtres.

Place-Léo-Delprat-Rouffignac-Dordogne

Peu de temps après, était apposée sur le mur de l’église la plaque : « Place Léo Delprat »

Mais, Léo n’est pas oublié.

En effet le 3 décembre 2004 est apposé sur son livret de famille la mention: « Mort Pour la France ».

Le 18 juin 2009, de nombreuses personnalités et nombreux voisins ou amis de Gérard Delprat se sont retrouvés à 11 heures sur le parvis de l’église de Saint-Cernin pour honorer Léo Delprat mort à Mathausen. A cette occasion M. Garouste président Départemental du Souvenir Français dans un émouvant recueillement, déposait avec Jean-Yvon Lansade maire, Jean-Gérard Faure, Christian Rouvès et Claude Baylé une plaque commémorative sur le monument aux morts.

René Deltreil déporté à Mathausen

Témoignage (Octobre 2007) de Daniel son fils
Daniel-Deltreil-Rouffignac-Dordogne

…… «  René mon père est né le 14 mars 1925 à La Faille commune de Rouffignac, de parents agriculteurs. La famille s’installa ensuite à « Jeanmerle » en 1936. Avec ses deux frères ils fréquentèrent l’école de Rouffignac avec M.Chaussade et, bon élève il obtint son certificat d’études. Passèrent les années à participer aux travaux des champs… jusqu’à ce 15 novembre 1943 où il entra dans le maquis du groupe Hercule FTPF au camp de La Béchade. Armé, il s’occupait des liaisons et du ravitaillement mais il fut arrêté chez son oncle au Cazelat le 22 février 1944 par la gestapo, sur dénonciation. Renée Eymard précise que lorsque les allemands demandèrent à l’oncle, où se trouvait René Deltreil, les deux faux résistants infiltrés (voir témoignages de Roger son frère et de Gérard Delprat), répondirent : « pas la peine de le chercher, il est là ».
Il sera emprisonné du 22 au 31 mars 1944 à Limoges, torturé (côtes cassées, mâchoire brisée) sans rien avouer. Au retour il expliqua que ce fut la gestapo qui, à Limoges, ne pensant pas qu’il reviendrait, leur avait dit le nom du dénonciateur. Il est déporté dans le camp de Compiègne avec Besse de La Gélie – Delprat – Zanelli facteur à St.Félix …
Ensuite dans un wagon à bestiaux il prendra du 1° au 6 avril 1944 et dans de terribles conditions, la direction de Mauthausen en Autriche. Arrivé, il y restera du 9 au 21 avril 44, avant d’être affecté à Melk pour la construction d’une des cheminées des fours crématoires, sous le N° matricule 62251.
Il souffrira tant psychologiquement que physiquement les horreurs dans la fameuse carrière de Mauthausen et l’ascension des fameuses 186 marches avec le portage d’une grosse pierre sur le dos et la menace d’une balle dans la tête en cas de refus ou de chute.
Le 22 avril 44 il est affecté au camp d’Ebensée où il travaille au creusement d’une usine souterraine, où l’on fabriquera des éléments de V2. Passent les longs mois et approchent les américains. Voyant cela, les SS les enferment dans le tunnel pour les faire sauter afin qu’ils ne disent rien. Mais il y eut un acte de résistance, ils coupèrent en effet les câbles et purent ainsi être sauvés avec l’arrivée des américains  Mon père reviendra atteint de tuberculose et de dysenterie, ne pesant que 37 kgs et il sera soigné au sanatorium de Clairvivre.
(Daniel ajoute que le peu de rescapés restant étaient au « bout du rouleau » car n’ayant plus de nourriture ils se nourrissaient d’escargots, de racines, de papier goudronné…on lui avait même conseillé de manger du charbon contre sa dysenterie). L’arrivée des américains leur sauva la vie et les remplit d’un bonheur infini »
De cette période, Gérard Delprat qui a témoigné pour son père mort en déportation à Mauthausen précise que « René Deltreil lui avait dit : «  qu’il avait vu son père très affaibli et ce, quelques jours avant l’arrivée des américains et que malheureusement il avait même dû après sa mort, aider à le porter dans le four crématoire… »

Témoignage complété (à la même époque), par Roger le frère de René

René devint agent de liaison pour un groupe Hercule stationné provisoirement à la Béchade (ancienne maison des grands parents Demeaux. (Cette maison qui recevra plus tard quelques tirs de canon petit calibre avant d’être incendiée). Le groupe Hercule, dénoncé aux allemands leur permit par l’envoi de deux faux maquisards, d’éveiller quelques soupçons et de lever le camp « décrocher ».. Ce fait nous est conté par le témoignage de Gérard Delprat sur son père Léo qui explique qu’ « une nuit, deux faux maquis au service des boches, lui avait demandé l’hospitalité, qu’ils avaient besoin de réconfort… et bien évidemment, il les restaura, leur parlant librement, trop librement ». Le lendemain en question, arrivèrent deux camions de soldats qui arrêtèrent René au domicile de son oncle. Un officier allemand voyant sur la cheminée du Cazelat, deux cadres avec des médailles représentants les deux frères du grand-père (morts en 1914) dirent à la grand-mère…qu’il ne faisait qu’exécuter les ordres. Avant de partir, ils incendièrent la maison
« Il fut torturé par la Gestapo à Limoges, eut la mâchoire brisée mais ne parla pas.. Il partit vers Compiègne dans les wagons à bestiaux puis vers Mauthausen en bordure du Tyrol autrichien (ancien camp ayant déjà servi aux dissidents allemands au régime Nazi). Mais de ce camp dépendait des sous camps aussi fut-il dirigé sur Melk où il commença à construire une grande cuisine avec des espagnols jusqu’au jour où ils comprirent avec l’arrivée des portes pour le « fourneau », que cette haute cheminée ne pouvait que servir à un four crématoire… Aujourd’hui s’y trouve une plaque commémorative. Les russes se rapprochaient….. Il alla ensuite à Ebensé où il creusa une galerie pour une usine souterraine qui fabriquait des pièces d’avions mais elle ne put être achevée. Aujourd’hui à Melk outre un monument, sont construits de beaux chalets entourés de belles prairies ».
Ces quelques précisions supplémentaires s’expliquent parce que Roger accompagna son frère René à Mauthausen lors du 45° anniversaire de la libération du camp.
Roger continue « … Là-bas René m’avait montré l’endroit où Léo Delprat était mort suite aux fatigues, maladies, souffrances car il s’arrangeait pour aller le voir dans « l’infirmerie ». Bien qu’ils ne travaillent pas ensemble, ils réussissaient à se voir de temps en temps….  Cet endroit est actuellement une caserne du génie militaire autrichien…. Nous avons vu cette fameuse carrière de granit avec ces fameuses marches et de me raconter qu’ils (les déportés) n’avaient vraiment plus rien à manger si ce n’est du papier goudronné si bien qu’il n’aurait pu survivre 8 jours de plus. Ils furent libérés par les américains.
René après 13 ou 14 mois de détention ne pesait plus que 37 kgs. Et pourtant durant cette période, René avait pu envoyer une carte à la famille écrite au crayon encre que Daniel garde précieusement disait :« …que tout allait bien… ».

Daniel-Deltreil-Rouffignac-Dordogne-Rene-Deltreil

Alors, pourquoi cette tragédie du 31 Mars 1944 ?

Alors que le bourg vivait sa vie quotidienne quasi normale comme témoigne le témoignage de Gérard Semond   (Né le 22 juillet 1936) qui ce jeudi 30 mars 1944,  se trouvait au milieu de l’après-midi à la croix de Gaillet en train de jouer sous le chêne, avec son copain André Desthomas. En effet, son père  taillait les arbres de Tourtel remplaçant le père de Dédé prisonnier. Tous les deux s’amusaient avec un jouet imitant une petite mitrailleuse montée sur 3 pieds avec une petite selle. C’est à ce moment que passa la voiture des maquis amenant les 2 prisonniers allemands. Celui qui était sur le marchepied extérieur leur fit bonjour en souriant lorsqu’il les vit en train de tirer en tournant la manivelle pour frotter la pierre briquet qui faisait de petites étincelles comme une véritable arme à feu…

Outre les objectifs de la division Brehmer pour rétablir l’ordre et la sécurité,  peut-être que le passage des maquisards vus par Gérard Semond et André Desthomas le 30 Mars, n’en est pas étranger

En effet : ce 30 mars, un groupe du maquis d’Engout (près de Plazac) commandé par « Robin » un corrézien, Noël et Erick avec « Nénesse » comme chauffeur, tendirent une embuscade sur la RN 89 près de la scierie de M.Lagane à l’embranchement de la route de Lalue et ils capturèrent en fin de convoi, deux militaires allemands, un capitaine et un lieutenant. Pour regagner leur campement, les maquisards s’arrêtent pour se rafraîchir au Café de France vers les 16 heures 30, en offrent même à leurs captifs dont l’un saigne un peu de l’oreille. Quelques curieux s’étaient approchés et l’on entendit bien « on les a eu, on les aura… » mais aucune invective ne fut prononcée  Au bout de 15 à 20 minutes ils repartent vers le Bos de Plazac, lorsqu’ils se trouvèrent nez à nez avec une colonne allemande qui libéra ainsi les prisonniers. Au début les allemands voyant les uniformes de leurs camarades ne tirèrent pas mais ils s’approchèrent prêts à tirer, c’est alors que le capitaine allemand plus jeune dit à ses compatriotes de ne pas tirer sur le pauvre Dudule bloqué par la portière qui ne s’ouvrait pas : « Petit sauve-toi vite ou tu es mort ».…

Village-Rouffignac-Dordogne
Village-Rouffignac-Dordogne-Perigord

Gérard Semond

Semond-Gérard-et-jouet-Rouffignac-Dordogne

Ainsi le témoignage de Gérard Semond (Né le 22 juillet 1936) qui ce jeudi 30 mars 1944, se trouvait au milieu de l’après-midi à la croix de Gaillet en train de jouer sous le chêne, avec son copain André Desthomas. Tous les deux s’amusaient avec un jouet imitant une petite mitrailleuse montée sur 3 pieds avec une petite selle. C’est à ce moment que passa la voiture des maquis amenant les 2 prisonniers allemands. Celui qui était sur le marchepied extérieur leur fit bonjour en souriant lorsqu’il les vit en train de tirer avec un jouet en tournant la manivelle pour frotter la pierre briquet qui faisait de petites étincelles comme une véritable arme à feu…